Le plus grand incubateur du monde ouvrira bientôt ses portes à Paris, pour faciliter le lancement de nombreuses startups. Pourtant, comme Emmanuel Macron le disait dans son discours à VivaTechnology, les startups françaises ont du mal à passer à l’étape suivante, à « scale-up ». Il est donc légitime de se demander si nos jeunes entreprises sont en capacité de croitre, et si elles reçoivent l’aide nécessaire.
Dans un monde toujours plus ouvert, peut-on attendre des startups qu’elles apprennent seule à gérer la chose la plus difficile au monde, la croissance rapide de leurs équipes ?
Qui, finalement, est là pour aider les startups à grandir ?
Il y a du monde au lancement des startups
Soyons honnêtes. Il n’y a jamais eu autant d’acteurs pour favoriser le lancement de votre entreprise. Un tiers des jeunes veulent devenir entrepreneurs dès la fin de leurs études, et les écoles les soutiennent largement. Pas un mois ne passe sans qu’un nouvel incubateur n’ouvre ses portes, à Paris, ou en Province ! Sans parler des associations et des réseaux, des rassemblements et des réunions, ainsi que des pouvoirs publics qui se mobilisent, avec notamment le très bon travail de la French Tech. Tout le monde est désormais sur le pont pour valoriser l’initiative entrepreneuriale.
Au-delà de ces structures, il faut aussi dire que l’argent est là. Le réseau de VC s’est densifié, et c’est tant mieux. On ne peut plus dire que les startups sont démunies. Celles qui s’appliquent finissent par trouver des financements. Désormais, nombreux sont les investisseurs à s’arracher les jeunes pépites en amorçage.
Mais, lorsqu’on creuse, et qu’on dissipe la poudre aux yeux, on se rend compte de certains dysfonctionnements. Les financements nécessaires aux phases d’expansion et de croissance sont encore trop limités. Devenir une belle PME est difficile, et les accompagnements proposés se limitent souvent à de la simple location de bureaux, les velléités politiques à de belles paroles.
Après avoir discuté avec beaucoup d’entre eux pour leur proposer nos services, nous avons par exemple réalisé que les incubateurs avaient de l’argent, mais pas pour leurs startups… Leur difficulté à trouver un Business Model viable, et leur caractère souvent politique, les limitent malheureusement à des opérations de startup-washing… De la communication, trop rarement associée à une réelle expertise sur la croissance des entreprises.
Aujourd’hui, il est plus courant de parler d’entrepreneuriat que d’en faire…
Un manque flagrant en Scale-Up
Ce dont les startups ont besoin aujourd’hui, c’est d’un réel accompagnement à la croissance – notamment humaine ! Les incubateurs et les accélérateurs interviennent peu au-delà de la phase de Seeds. Alors que c’est à ce moment-là qu’il devient très difficile de construire son entreprise. Malheureusement, à cette étape, les acteurs de l’écosystème sont aujourd’hui trop dispersés.
Les grands groupes pourraient avoir un rôle à jouer dans la structuration des startups en hyper croissance. Cela est en train de changer, mais pour le moment, les boîtes du CAC40 tuent les startups, ou font joujou avec elles. Très rares sont celles qui ont des vraies démarches d’accompagnement et de développement, au service du projet entrepreneurial… Trop fréquemment, leur rapport aux startups reste cantonné à des enjeux de communication !
Les VCs, quant à eux, sont bien plus souvent des freins que des accélérateurs. Si vous saviez le temps perdu par les entrepreneurs, à ferrailler avec des investisseurs de bas niveau, plus occupés à aboyer qu’à soutenir le développement de leurs startups… Au mieux, ils partagent leurs conseils et leur réseau. Mais est-ce suffisant ?
- Aux US, les fonds sont généralement au contact de leurs entrepreneurs, dans un soutien plus opérationnel. Soit parce qu’ils en ont les compétences, soit en montant un réseau pertinent de partenaires.
- En Israël on va aller jusqu’à trouver un Directeur Scientifique dans chaque fonds, prêt à s’investir intellectuellement.
- Chez nous, ils sont composés principalement de financiers, et d’anciens entrepreneurs, dont les succès leurs sont montés à la tête.
Alors les fondateurs perdent du temps à les rassurer, à coups de reporting et de BP, à la valeur ajoutée limitée.
Quelle est la solution magique qu’on propose aux startups, dans ces phases si difficiles ? Embaucher un DG (voire un CEO), comme si l’expérience d’un papa allait permettre à l’entreprise de croître, en conservant son âme. Comment voulez-vous valoriser l’esprit d’apprentissage et d’innovation, si la seule option possible, c’est la déresponsabilisation des fondateurs ?
Une place à prendre entre mentoring et conseil
Les solutions des acteurs en place sont toujours les mêmes : demander conseil à d’autres entrepreneurs en train de passer par là, ou ayant déjà vécu ce parcours. Je ne nie pas la valeur de ce genre d’échange, mais à un moment, il faut quelqu’un pour mettre les mains dans le cambouis. Le mentorat c’est bien, mais l’expertise sur le fond et dans la transmission, c’est mieux…
Certaines startups font alors appel au conseil. Le cofondateur d’une des startups ayant eu le plus gros taux de croissance en 2015 m’a raconté ses difficultés à travailler avec un des cabinets du Big4. Tu m’étonnes ! Comment pourraient-ils comprendre les problématiques d’une si jeune et si dynamique entreprise ? Ces cabinets sont sur d’autres modèles, d’autres modes de fonctionnement, plus adaptés aux grosses entreprises en recherche d’optimisation, qu’aux jeunes pousses qui doublent de taille tous les 6 mois…
Il y a une place à prendre dans l’écosystème startup. Ce constat, nous l’avons fait au moment de lancer Fly The Nest. Depuis plus d’un an, nous soutenons les entrepreneurs dans la structuration de leur équipe, et l’engagement de leurs collaborateurs. Nous voyons l’impact immédiat et immense que peut apporter une approche mixte, à la croisée du conseil, du coaching, de la formation, du partage de pratiques et de méthodologies.
Nous nous sentons cependant bien seuls… Pour nous, la croissance est un sujet humain avant tout. Mais il est évident qu’il faut aussi développer sa capacité commerciale, implémenter des outils adaptés, améliorer son recrutement… Sur ces sujets, où sont les acteurs spécialisés, experts, et dédiés aux startups ?
Et si, au lieu d’une énième app, vous créiez une entreprise de services, à destination des startups ? Le marché est en croissance… L’écosystème français a besoin de vous !