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Arrêtez de manager par le haut !

Le management, c’est de la communication. En tant que manager, tout passe par les échanges que vous avez avec les personnes de votre équipe. Et ce qui va vraiment compter, c’est la posture que vous adoptez dans vos échanges. Allez-vous crier, bavarder ou chuchoter ? Êtes-vous un habitué des questions pressantes, ou des ordres délicats ? Savez-vous manier l’humour ou la fermeté ? Quel sera le niveau de relation que vous voudrez entretenir ?

Toutes ces questions sont difficiles, car le métier de manager est ardu. Pour éviter l’imposture, il vous faudra devenir maître dans l’art de la conversation. Trop souvent, on réduit le management à la direction autoritaire. Mais il existe d’autres formes d’interactions, et notamment la posture basse, souterraine mais puissante, que je vous propose de découvrir dans cet article…

Les trois postures du management

Comme souvent, un membre de votre équipe vient à votre bureau avec un problème à résoudre. Ou bien vous êtes allé le trouver à son bureau, pour lui parler d’un souci urgent à régler. Grossièrement, vous avez trois façons d’interagir avec lui. Vous pouvez :

1. Lui dire quoi faire. Parce que vous savez mieux que lui, ou que vous êtes convaincu du bien-fondé de votre façon de faire, vous souhaitez le voir suivre votre décision. C’est ce qu’on appelle la posture haute, celle de l’expert ou de l’autorité. Très répandu, depuis la nuit des temps, elle a l’avantage de l’efficacité, à condition que votre équipe l’accepte. Il y a bien un défaut, et pas des moindres, c’est que cette posture ne fait pas progresser. Libéré du besoin de réfléchir, votre collaborateur ira réaliser sa tâche, sans en retenir grand-chose. Voire pire, il l’exécutera à contrecœur, démotivé par l’incompréhension – qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? – ou même la rancœur – encore en train de me faire chier… !

2. Lui proposer des façons de faire, et échanger avec lui. Parce que vous avez déjà résolu de tels problèmes, mais que vous n’êtes pas sûr que cela fonctionne cette fois, vous en parlez, et cogitez ensemble. Ou bien vous avez une partie de la réponse, mais vous espérez l’enrichir par ce tête-à-tête. Celle-ci, c’est la posture pair-à-pair, qui vous met au même niveau. Le processus est agréable et met en confiance. Cela prend par contre plus de temps, et dépend donc de votre niveau de disponibilité. C’est aussi la posture la plus confortable pour tout le monde 😉

3. Le questionner pour qu’il identifie sa solution. Parce que vous ne pensez pas avoir de meilleure idée que lui à ce sujet, ou que vous avez envie de le voir trouver tout seul. On est cette fois en plein dans la posture basse, celle du coach qui se refuse à donner son avis. C’est le cœur de cet article, car c’est une des plus difficile à maitriser. En même temps, elle n’est ni valorisée ni diffusée dans notre société. C’est pourtant la plus puissante des trois, celle qui met le plus en mouvement, quand elle fonctionne…

Chaque situation mérite une posture différente. Et personne ne vous dira quelle est la bonne pour vous, à un instant donné. Essayez-les toutes, pratiquez-les souvent, et c’est ainsi que votre style de management naturel se dégagera peu à peu…

Les avantages de la posture basse

Si j’ai décidé de vous parler de la posture basse du manager dans cet article, c’est parce que je suis convaincu de son intérêt ! Voilà quelques raisons :

  • On ne peut pas changer les autres. C’est la psychologie qui nous l’apprend, les seuls vrais changements viennent de l’intérieur, du soi. Alors pousser vos collaborateurs à chercher en eux les solutions, c’est les mettre sur le chemin du développement personnel…
  • La posture basse oblige votre interlocuteur à sortir de sa zone de confort, et l’oblige à essayer de résoudre des problèmes, ce qui le fera naturellement progresser.
  • Rien n’est plus fort qu’un engagement pris pour défendre ses propres idées, surtout lorsque celle-ci a été construite et exprimée devant son patron, qui ne l’a pas jugé, mais l’a laissé éclore… La posture basse permet de monter drastiquement le niveau de responsabilité de vos équipes.
  • Au bout d’un moment, les collaborateurs habitués à votre posture basse arriveront dans votre bureau en ayant déjà des solutions à proposer !
  • Trouver les solutions, c’est faire sien les problèmes des autres, alourdissant au passage votre cerveau d’une charge mentale dont il n’a pas besoin. Pratiquez la posture basse, et vous dormirez mieux 😉

La pratique de la posture basse

Alors, comment on fait pour s’améliorer dans cette pratique ? Voilà trois techniques à utiliser, qui font toujours leur petit effet…

– Les trois cerveaux

Comme nous l’explique si bien Frédéric Laloux, on a oublié que notre corps comportait trois réseaux de neurones : dans le cerveau bien sûr, mais aussi dans le l’estomac et le cœur. Pourtant, dans la plupart des langues, on retrouve l’idée de décision prise avec la tête (la raison), les tripes (l’intuition) ou le cœur (les sentiments).

Un bon exercice de posture basse, c’est de questionner toutes ces dimensions sur un problème particulier. Les questions à poser sont les suivantes : Tu penses quoi de ce problème ? Comment tu te le racontes ? Et qu’est-ce que tu ressens en me disant cela ? C’est quoi ta première idée pour y répondre ? Tu me parles avec ta tête là, qu’est-ce que te dit ton cœur ? Et tes tripes ? En essayant de systématiser un tel questionnement, vous aiderez votre interlocuteur à s’approcher du fond du problème. Et si vous voulez l’aider à se mettre en mouvement, enchainez sur un Et ça te fait agir comment ?

– L’objectif SMART

Vos collaborateurs ne sont pas toujours à l’aise pour déterminer précisément ce qu’ils doivent obtenir. Parfois même, ils attendent de vous que vous leur disiez quoi faire. Alors, une fois que le problème est bien défini, et que la solution se dessine, vous pouvez pousser votre interlocuteur à regarder en face l’objectif qu’il veut atteindre.

L’exercice sera cette fois de s’assurer que toutes les caractéristiques « SMART » sont bien claires : Quel résultat veux-tu obtenir exactement ? Comment tu constates que tu as réussi ? Pour quand ? Quel est la probabilité de réussite pour toi ? Si c’est trop bas, comment peut-on requalifier l’objectif pour qu’il soit atteignable ? En ne laissant aucun doute à votre interlocuteur, vous l’aiderez à se focaliser !

– Le déblocage

Parfois, un collaborateur peut se croire incapable de résoudre le problème évoqué. Il se sent mauvais dans le domaine, et va rester bloquer. Dans un tel moment, la posture basse peut être particulièrement efficace…

Commencez par demander : Tu te mets quelle note sur 10 pour ce sujet ? Puis quel que soit le résultat, félicitez-le : C’est bien déjà ! Explique-moi pourquoi tu ne t’es pas mis une note inférieure. Comment tu pourrais faire pour augmenter ta note de 1 point ? Une autre question puissante, c’est celle du scénario catastrophe, ou de la meilleure excuse. Allez, on est entre nous… Tu as l’air d’avoir peur de quelque chose. C’est quoi le pire scénario qui puisse arriver ? Je sens que tu as une bonne raison de ne pas le faire, et moi j’aime les bonnes excuses. Dis-moi tout : c’est quoi ta meilleure excuse ? Celle qui te permet de résister à tout ! En faisant exprimer les doutes de votre interlocuteur, vous commencez déjà à les exorciser.

Ces trois techniques (questionner les 3 cerveaux ; demander des objectifs SMART ; débloquer un collaborateur) sont simples, mais efficaces. Par contre, elles ne fonctionneront qu’à une condition : que vous n’ayez pas d’intention pour l’autre quand vous les exprimez ! N’essayez pas de manipuler les membres de votre équipe, ils sont assez intelligents pour le remarquer… Soyez simplement à leur service, pour les aider à trouver les meilleures solutions à leurs problèmes. Tout le monde y gagnera 😉

Le management, c’est l’affaire de tous !

En conclusion, j’aimerais insister sur un point qui m’est cher. Trop souvent, on réserve le management aux managers. Mais si manager, c’est gérer de l’humain, alors tout le monde le fait en entreprise. Indépendamment de la hiérarchie, vous pouvez vous retrouver à aider un collègue sur un problème identifié. Alors, que vous soyez managé ou manager, essayez d’appliquer les différentes postures, pour faire grandir vos interlocuteurs.

Un des premiers conseils qu’on m’a donné dans le monde du travail, c’est d’apprendre à manager son manager. Se mettre à sa place, comprendre ses enjeux, questionner inlassablement sa situation, tenter de résoudre ses problèmes, parfois avant même qu’il en ait conscience, finalement faciliter son travail quotidien. C’est ainsi qu’il sera content de vous, et vous laissera l’autonomie vous permettant de prendre votre envol…

Dans notre société toujours plus digitale et désintermédiée, la communication interpersonnelle va devenir LA compétence la plus importante. Alors apprendre à manager ses équipes, ses managers, ou soi-même, comprendre quelle posture vous voulez prendre à chaque instant, c’est ce qui vous permettra de vous réaliser en tant que professionnel, mais surtout en tant que personne !

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